ALS - Magazine 7 - Avril 2020

36 / ALSMag Joëlle LIGHEZZOLO-ALNOT Directrice de l’Office Français de l’intégrité scientifique (OFIS), Professeur de psychologie à l’Université de Lorraine, administrateur de l’Académie Lorraine des Sciences. Intégrité scientifique et droit : risques, enjeux et recommandations La communauté scientifique se préoccupe à juste titre de la question de l’intégrité scientifique : elle est au cœur d’enjeux actuels, et le respect d’une démarche scientifique intègre apparaît crucial au regard du lien de confiance indispensable, et à préserver, entre les acteurs de la recherche et la société. Face aux grands défis contemporains, cette confiance est aujourd’hui remise en cause, dans un monde confronté à l’accélé- ration du partage et de la diffusion des connaissances. Le risque d’une défiance croissante est en effet devenu sensible, en France comme à l’international, devant certaines méconduites inacceptables, occasionnellement largement médiatisées, une défiance parfois accentuée par la diffusion inquiétante de pseudo-science (« fake science ») de fausses informations, et de revues douteuses (« predatory reviews »). L’intégritéscientifique,sous-tenduepardesprincipes fondamentauxqui ladéfinissent,sedoitplusque jamais d’êtrepartagéepar l’ensemblede lacommunautéscientifique : les responsablesd’institutions, leschercheurs (juniors et seniors), tout comme les personnels d’appui ; et son respect nécessite tout autant une politique exigeanteenmatièrede régulation (traiteretsanctionner lesméconduites),que lamiseenplacededispositifs efficaces de prévention (former aux bonnes pratiques et à la démarche scientifique). L’INTÉGRITÉ SCIENTIFIQUE L’intégrité scientifique est l’ensemble des valeurs et des règles qui garantissent une activité de recherche irréprochable. L’intégrité scientifique comporte de fait une conno- tation positive qu’il s’agit de souligner tout d’abord, dans la mesure où il convient de ne pas la réduire à une absence de manquement. Certes, l’attention est focalisée sur la fraude, en raison de la médiati- sation de cas notoires de méconduites ; cependant il s’agit de mettre avant tout l’accent sur les valeurs et les principes essentiels au respect de bonnes pratiques en la matière. Au-delà de la spécificité des approches discipli- naires, l’intégrité scientifique repose sur des valeurs communes, sur lesquelles s’appuient les bonnes pratiques en matière de recherche. Le Code de conduite européen pour l’intégrité en recherche (ALLEA) publié en 2011 et révisé en 2017 1 , en souligne la portée fondamentale : f Fiabilité dans la conception, la méthodologie, l’analyse et l’utilisation des ressources. f Honnêteté dans l’élaboration, la réalisation, l’évaluation et la diffusion de la recherche, d’une manière transparente, juste,complèteetobjective. f Respect envers les collègues, les participants à la recherche, la société, les écosystèmes, l’héritage culturel et l’environnement. f Responsabilité pour les activités de recherche, de l’idée à la publication, leur gestion et leur organisation, pour la formation, la supervision et le mentorat, et pour les implications plus générales de la recherche. Les données de la recherche quant à elles, se doivent de respecter des principes cruciaux dans le contexte de l’Open Science et du Plan national pour la science ouverte 2 . Ceux-ci sont définis par les principes FAIR (Findable, Accessible, Interope- rable, Reusable), visant à rendre les informations faciles à trouver, accessibles, interopérables et réutilisables. Notons par ailleurs, qu’un nouveau cadre juridique de l’Union européenne est entré en vigueur en France (décret n° 2019-536 du 29 mai 2019), avec le Règlement pour la protection des données (RGPD), gouvernant la collecte et le traitement des données à caractère personnel. intégrité scientifique

RkJQdWJsaXNoZXIy MTIzMTM=