ALS - Magazine 6 - Septembre 2017

CATHIE VIX Invention et innovation Cathie Vix, Institut Carnot MICA - Mulhouse. Directrice de recherche au CNRS, elle a été à l’origine de la réorganisation en Alsace de l’innovation dans le domaine des matériaux. Elle dirige l’Institut Carnot MICA et a reçu en 2016 la médaille de l’Innovation du CNRS. ALS Mag / 49 Une invention ne trouve pas forcément son marché commercial et peut rester un simple prototype comme la machine volante de Léonard De Vinci qui n’a jamais été commercialisée mais a permis d’engendrer de nombreuses autres inventions ou innovations. L’innovation est, à la fois, un processus plus long et plus étroit car elle suppose une introduction sur le marché – et plus large- car elle ne se limite pas aux avancées de la technologie ; elle concerne aussi bien la création du savoir que son application et sa diffusion. Il ne se passe pas une semaine sans que la presse fasse état de la découverte d’un matériau ‘révolutionnaire’ high-tech dont certains changeront en profondeur notre vie de tous les jours dans les années à venir. Et pourtant avant d’arriver sur le marché, plusieurs étapes doivent être franchies depuis l’idée jusqu’à la mise sur le marché ; étapes qui ne peuvent être franchies avec succès que si un continuum fluide existe entre la recherche fondamentale et appliquée et de ce fait entre structures publiques et privées. C’est dans les années 1990 que l’innovation devient une réelle préoccupation publique interministérielle avec l’initiative emblématique dite ‘loi Allègre’ qui a fortement encouragé la valorisation de la recherche publique. Depuis, les soutiens de l’Etat n’ont cessé de croître avec la mise en place de programmes nationaux et internationaux de la recherche à l’application industrielle avec budget de l’innovation en euros constant qui a doublé en 15 ans. Ce sont ainsi environ 10 Md /an qui sont consacrés à l’innovation auxquels s’ajoutent des investissements exceptionnels de plusieurs milliards d’euros par an. Même si notre système d’innovation reste encore largement perfectible, les résultats sont perceptibles au travers des classements mondiaux. Ainsi, la France se classe au 3ème rang mondial pour le nombre d’entreprises et d’organismes innovants (classement 2016 Thomson et Reuters’) avec 10 organisations françaises dans le Top 100 des innova- teurs mondiaux. En 2016, 3 organismes français se retrouvent dans le Top 10 mondial des instituts publics de recherche en termes d’innovation, à savoir le Centre National de la Recherche Scienti- fique (CNRS), l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (l’INSERM) et le Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives (CEA). Parmi tous les domaines d’innovation, la filière chimie et matériaux illustre parfaitement la capacité de notre industrie à relever les défis de la mondialisation et de la transition écologique en s’engageant résolument dans la voie de l’inno- vation et de la montée en gamme. Elle apporte des solutions industrielles aux grands défis de notre économie (chimie du végétal et recyclage, bâtiment durable, stockage de l’énergie, impression 3D, numérique…) pour lesquels la France a de nombreux atouts comme souligné dans cet ouvrage. La constitution, en 2017, d’un ministère de plein droit de la recherche, de l’enseignement mais aussi, et c’est une première, de l’inno- vation souligne une réelle volonté gouvernementale d’accompagner les entreprises et les organismes publics dans les défis qui les attendent dans les années à venir. Les atouts de la France sont tels que les matériaux seront sans aucun doute au cœur de ces innovations qui nous permettront collectivement de prendre de vitesse nos concurrents. L’innovation résulte à la fois d’une nouvelle idée, faisant appel à la créativité, d’une réalisation concrète et de la réponse aux attentes des consommateurs. L’innovation s’inscrit ainsi dans la continuité de l’invention qui est une création comme un nouvel objet, un nouveau procédé ou un nouveau système d’exploitation Exemple de textile collecteur d’énergie pour vêtements connectés. L’incrustation, dans les tissus, d’éléments électroniques permettant de capter et stocker l’énergie environnante 1/ https://www.letemps.ch/sciences/2017/04/15/textiles-collecteurs-denergie-vetements-connectes – mouvements, chaleur, solaire – et servant à alimenter divers senseurs et capteurs intégrés, est un domaine de recherche en plein essor avec des innovations quotidiennes 1 .

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