ALS - Magazine 5 - Octobre 2015
ALS Mag / 7 intéressant de voir que les entreprises les plus innovantes fonctionnent de manière très originale. Citons quelques grandes tendances actuelles dans le métier des innovateurs. Tout d’abord les entreprises cherchent à faire de l’éco-conception. Le but est de concevoir immédiatement des objets ayant un impact réduit sur l’environnement, ayant des conséquences négatives réduites voire positives sur la santé, ayant un impact social favorable tout en réduisant les coûts. L’exemple de dispositifs de covoiturage illustre bien ce genre de démarche. Les entreprises innovantes mettent aussi en œuvre ce que l’on appelle la co-conception. Il s’agit de travailler avec les futurs utilisateurs du produit ou du service que l’on souhaite concevoir. Finie l’époque où quelqu’un du marketing avait une idée qui était ensuite mise en œuvre par un ingénieur qui ne vérifiait l’adéquation de ses solutions aux besoins du client qu’en toute fin d’étude. Aujourd’hui le client est intégré direc- tement à la décision de conception. Ainsi l’agglo- mération de Nancy en Lorraine a mis en place toute une démarche intitulée la fabrique Nancy Grand Cœur permettant de concevoir des aména- gements urbains en sollicitant régulièrement des habitants qui réagissent à des propositions, des dessins, des maquettes. Grâce à internet, les sociétés peuvent aussi collecter des informations sur l’opinion des clients grâce à des forums. L’open innovation (innovation ouverte) est également une tendance lourde. Elle consiste à travailler avec des partenaires. Ces partenaires sont choisis par l’entreprise, et sont souvent des contributeurs que l’entreprise ne connaît absolument pas. Nombreuses sont ainsi les entre- prises qui sollicitent les réseaux sociaux pour les aider à concevoir des produits. Ainsi apparaissent de nouveaux dispositifs tels que les appels d’offres permanents. Les sociétés comme EDF ou Véolia qui interviennent dans les aménagements urbains, sollicitent en permanence des apporteurs d’idées, des apporteurs de technologie pour améliorer leurs propres offres. On rappellera que dans certains cas la création de nouveaux produits se fait même sans entreprise : le système d’exploi- tation Linux est l’un de ces produits phares que l’on appelle open source. Un autre phénomène concerne la conception de filière. En fait, une entreprise qui veut développer un nouveau produit, va entraîner toute une cascade de changements. Elle doit donc dès le début prévoir toute cette chaîne de transformation. Passer des réseaux téléphoniques classiques à la fibre optique, entraîne des modifications sur les techniques d’enfouissement, sur le type de box équipant le consommateur, et sur tous les appareillages permettant de contrôler le débit d’information. Donc l’entreprise qui innove sur le câble doit être capable d’anticiper tous ces changements et de s’associer avec les entreprises qui garantiront, qu’au moment du lancement des nouveaux câbles, tous les autres périphériques seront également prêts. Enfin citons un dernier phénomène : la conception agile. Elle consiste à réduire nettement la durée des études au profit de phase de réalisation de maquettes et prototypes. Le prototype devient un objet concentrant l’ensemble des compétences des concepteurs. C’est un objet attestant des connaissances et de l’état d’avancement du travail des concepteurs. Il permet le dialogue, les échanges, les critiques entre concepteurs et futurs utilisateurs. Ces échanges réduisent la durée des phases de recherche de solutions, de calcul et de dimensionnement. Microsoft est une entreprise qui utilise beaucoup la conception agile. On constate donc que les entreprises innovantes lancent de plus en plus vite des nouveaux produits, mais aussi que leur façon de pratiquer l’innovation change énormément. On constate aussi que la façon d’exploiter nos connaissances (scienti- fiques, marketing, financières…) se fait de manière originale. Le fait de mobiliser toutes ces connaissances a conduit à l’émergence d’une nouvelle spécialité : l’ingénierie de l’innovation. L’émergence de la fabrication numérique pour soutenir l’innovation dans les villes Il faut concevoir plus vite, en associant les futurs utilisateurs, en mobilisant des compétences sur internet, tout en réunissant autour d’objets des spécialistes de différents domaines… compliqué ! On voit alors apparaitre de nouveaux espaces et équipements dans les centres de création des entreprises. La fabrication numérique et les FabLab se développent de manière rapide. La fabrication numérique… Depuis longtemps les entreprises raisonnent sous forme de chaine numérique : un employé dessine un plan numérique 3D qui est envoyé vers une machine à commande numérique qui va usiner des pièces. Dans la continuité, l’équipement dédié à la fabrication utilise directement les données envoyées par un ordinateur. Toutefois cette machine est souvent spécifique de la famille de produits à réaliser. La fabrication numérique a connu un saut techno- logique avec l’apparition de technologies permettant directement d’ imprimer un objet à partir de son ordinateur. Sur la base de recherches universitaires (le Professeur nancéien Jean Claude André a été le premier à polymériser une résine pour fabriquer des objets) et des travaux faits par des communautés internet, de nouvelles machines sont apparues qui se connectent à notre ordinateur et se pilotent avec des logiciels que l’on trouve en freeware pour certains. La norme (NF E 67-001) parle d’un ensemble de technologies permettant par ajout de matière, couche par couche, de fabriquer un objet physique à partir d’un objet numérique. On utilise le terme générique d’imprimantes 3D, mais détaillons les technologies que l’on trouve actuellement. Tout d’abord il convient de distinguer les machines en fonction de la matière traitée : les polymères ou les matériaux métalliques.
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