ALS - Magazine 5 - Octobre 2015

30 / ALS Mag Article > Francis Jutand Il en est ainsi pour la quatrième métamorphose du numérique. L’ère industrielle a produit dans son dernier siècle les fonctions capacitantes de l’élec- tronique et de l’informatique qui ont permis de créer des infrastructures de plus en plus puissantes de communication et d’information, avec son potentiel d’ubiquité et d’intelligence. La fonction amplificatrice est celle de la mise en réseau, des connaissances, des personnes, des machines. La métamorphose numérique s’enclen- che au moment de la convergence entre les communications, les données et les contenus, pour former un espace fluide d’échange qui va permettre à la puissance des fonctions de réseaux d’opérer selon la loi interprétative de Metcalfe qui dit que la puissance d’un réseau varie comme le carré de son nombre de membres. Pour être complet à ce point, il faut noter qu’une métamorphose n’opère pas par éradication de l’ordre précédent existant comme vise à le faire une révolution. Les métamorphoses se traduisent en une forme de sédimentation de couches créées par chacune d’entre elles, chaque couche apportant des capacités nouvelles apportées à la société humaine et transformant les couches précédentes qui gardent et amplifient leurs propriétés. Il en résulte que chacune de ces couches porte en elle-même l’histoire des précé- dentes, mais aussi l’histoire du futur, les métamor- phoses revisitant et transformant progressivement les couches précédentes. Ainsi la métamorphose numérique se traduit par la création de nouveaux produits numérique de l’économie quaternaire, mais transforme aussi les services du tertiaire, les produits du secondaire et même les techniques de l’agriculture de l’économie primaire. C’est bien l’ensemble de l’assemblage fonctionnel de la société humaine qui va être transformé par la métamorphose numérique. Il en résulte d’ailleurs que le concept de troisième révolution industrielle trouve son origine dans un des échos des transformation des fonctions de conception, de production et d’usage de la métamorphose numérique. Il est important de le saisir pour comprendre tous les attendus de la métamorphose de l’industrie qui est en cours associant, nouvelles technologies de matériaux, de robotisation et d’ingénierie, mais aussi nouvelles organisations de processus de création, et de marketing, nouvelles natures de produits et de services et nouvelles infrastructures de données, et de contrôle et nouvelles organisations d’entreprises. On assiste là bien à une métamor- phose de l’industrie, résultant de la métamorphose numérique et non à une révolution industrielle liée à la transition énergétique comme l’avait avancé il y a quelques années Jeremy Rifkin. La métamorphose numérique Les ruptures apportées par la métamorphose numérique Les fonctions de communication, de traitement de l’information et de création de connais- sances ont toujours été au cœur du fonction- nement de la société et sont d’excellents marqueurs de leur niveau de développement ou d’intensité. L’invention de l’imprimerie a été un précurseur de la métamorphose indus- trielle par l’amplification qu’elle a permise de la diffusion des savoirs et des idées permettant la création de l’encyclopédie et des journaux, mais elle n’a pas transformé la société médiévale, lui apportant seulement une renaissance et un bouillonnement technique, économique, philosophique et politique qui formera le substrat de la métamorphose industrielle. L’invention du télégraphe puis du téléphone puis des communications sans fil, ont permis le remplacement des relations individuelles épistolaires : privées ou professionnelles, l’ubiquité de communication, et la naissance de nouveaux média de masse, radio et journaux. L’invention des langages informa- tiques et des ordinateurs a permis le dévelop- pement du traitement automatique des données, et le contrôle des machines.

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