ALS - Magazine 5 - Octobre 2015
Qui produit des MOOCs et pourquoi ? Le cas de France Université Numérique (FUN) Les MOOCs sont partis des Etats-Unis. Très vite d’autres universités dans le monde ont été solli- citées pour proposer des cours sur les plates- formes développées à cet effet, notamment Coursera. Dans ce modèle, c’est l’institution qui paie pour mettre son cours sur la plate-forme, mais la plate-forme hôte conserve les données de connexion et d’interaction des apprenants. Quelques universités françaises ont proposé et proposent encore des cours sur Coursera, mais le Ministère en charge de l’enseignement supérieur a pris l’initiative de lancer et soutenir l’opération FUN (France Université Numérique) en 2013 avec comme enjeu la visibilité de l’enseignement supérieur français, notamment dans le périmètre de la francophonie. La plate-forme support est développée à partir du noyau open-edX, les premiers cours ont ouvert en janvier 2014 et à la fin de l’année elle avait déjà proposé 53 cours produits par 29 établissements d’enseignement supérieur à 400 000 inscrits. Les motivations pour produire des MOOC sont diverses : Nouvelles formes pédagogiques, accueil d’étudiants étrangers, réputation d’un établis- sement pour y attirer les meilleurs étudiants et les meilleurs partenariats avec des entreprises. Cette forme de cours est très récente et les raisons pour lesquelles des MOOCs vont ou ne vont pas continuer à se développer évolueront, notamment en fonction des modèles économiques qui seront proposés. Qui s’inscrit à un MOOC ? Il n’y a donc pas d’autre contrainte pour s’inscrire à un MOOC que celle d’accéder à un navigateur Internet. De plus en plus la description du MOOC indique un public cible, il semble cependant que le public reste très libre de ses choix. Statisti- quement, à la fin 2014, le public avait un niveau de formation supérieur à bac+3, en fait surtout bac+5, et était composé d’actifs engagés dans la vie professionnelle. Ces publics ont ainsi manifesté un appétit et un besoin d’apprendre largement sous- estimés. Quelques MOOCs proposent des questionnaires à leurs participants pour tenter d’avoir des analyses plus fines, edX annonce par exemple un âge moyen de 26 ans pour ses utilisa- teurs, mais le caractère open ou libre de ces formations empêche évidemment des analyses plus précises. Plate-formes supports et coûts de production Le caractère massif des MOOCs, le travail coopératif entre apprenants, la gestion des forums et des interactions avec l’équipe pédagogique demandent une infrastructure adaptée. S. Thrun l’a vite compris en voyant le succès de son cours d’Intelligence Artificielle et il a créé COURSERA, plate-forme technique conçue pour répondre à ces besoins spécifiques qui est au cœur de la société de même nom. Les modèles économiques associés se cherchent encore. L’idée initiale de « vendre » des données aux entreprises n’a pas le succès espéré, bien qu’on note fin 2014 350 entre- prises qui collaborent avec Coursera et Udacity pour identifier les étudiants susceptibles d’être de bons candidats à un recrutement. Pour une introduction plus développée au phénomène MOOC, et notamment au processus de création et aux coûts associés, le lecteur pourra consulter [Pomerol et al., 2014]. En conclusion Comme tout phénomène nouveau, les MOOCs ont suscité une énorme agitation médiatique qui promettait notamment la fin des universités et la naissance de géants de l’ industrie. Deux ans après, la pression est retombée, certaines illusions s’effondrent. Il reste un format intéressant de cours en ligne, format en perpétuelle adaptation pour l’instant, qui s’éloigne des cours universi- taires semestriels de 12 semaines pour répondre davantage à des besoins plus ciblés et des dispo- nibilités restreintes. On voit déjà arriver les mini-MOOCs, micro-modules à disposition de tous, ou bien les SPOC (Small Private On line Courses) réservés aux inscrits d’une institution universitaire tandis que les grandes entreprises adoptent les COOCs (Corporate MOOCs). Il reste également des inquiétudes légitimes. L’uni- formisation du savoir ainsi diffusé en est une, la diversité des offres doit permettre d’y répondre. L’utilisation qui peut être faite des traces d’inte- raction des apprenants en est une autre, il faut donc des garanties pour que ces traces soient rendues anonymes. C’est l’un des points forts des développements faits pour la plate-forme utilisée dans FUN en France. Enfin, il manque toujours des modèles économiques fiables. Une découverte pour tous les auteurs de MOOCs a été le nombre d’adultes désireux de se former. Il y a donc là de formidables opportunités d’ingénierie pédagogique en formation d’adultes, mais aussi pour renouveler la formation initiale, utilisant des potentialités offertes par internet comme l’accès au cours à tout moment et en tout lieu ainsi que les modalités de collaboration entre pairs comme les forums. Les MOOCs s’ajoutent à bien d’autres services en ligne pour nous faire entrer dans la société de la connaissance. ALS Mag / 17
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