ALS - Magazine 5 - Octobre 2015

ALS Mag / 15 Le numérique et l’école En apparence et d’un point de vue organisationnel, les institutions éducatives, écoles, collèges, lycées, universités existent et fonctionnent comme il y a des dizaines d’années. L’école, c’est toujours l’école de Jules Ferry, des bâtiments, des salles de classes avec un maître et des élèves, des disci- plines, des professeurs, des examens, des diplômes. Et pourtant, si l’on y regarde de plus près, le numérique a déjà changé beaucoup de choses. Prenons quelques exemples comme la communication entre l’administration et les familles, les ressources en ligne, les modalités de travail avec les tablettes, les tableaux blancs interactifs, les logiciels d’apprentissage et les jeux sérieux, l’évolution des programmes et des sections proposées aux élèves. Ouverture de l’école vers les familles et l’environnement immédiat Le déploiement des espaces numériques de travail (ENT) ouvre en effet définitivement l’école vers l’ensemble de la communauté scolaire. Un ENT est un ensemble intégré de services numériques, choisi, organisé et mis à la disposition de la communauté éducative par l’établissement scolaire [Eduscol, 2015]. Dans le cadre de schémas directeurs successifs des espaces numériques de travail, le ministère a en effet permis un maillage complet des établissements secondaires avec leur environnement ; une opération de même nature est en cours pour les écoles primaires. C’est ainsi que le portail lorrain PLACE 2 propose un espace sécurisé de communication entre professeurs, élèves, parents, administration et autres parte- naires, par exemple les entreprises dans le cadre des stages. L’époque où un enfant pouvait déclarer à ses parents qu’il n’avait pas de devoirs et pouvait partir jouer chez son copain est révolue, le cahier de textes est en ligne, accessible à tous. Les professeurs y déposent les textes de devoirs et des documents complémentaires tandis que les parents séparés peuvent accéder aux notes des enfants quel que soit leur lieu de résidence. Les ressources numériques Des planches de dessins montre la vision de Jules Verne à propos de l’éducation en l’an 2000. Les élèves du 21° siècle ne sont pas reliés au savoir par des câbles audio, mais la mise « en machine » du contenu des livres était en quelque sorte visionnaire, puisqu’effectivement la plupart des ressources pédagogiques sont désormais disponibles sous forme numérique, disponibles étant loin de signifier partout utilisées sous cette forme. Pourtant, cette numérisation de documents existants n’exploite pas encore les potentialités offertes par l’ordinateur pour renouveler les modes d’apprentissage. Un document numérique utilisé avec un ordinateur peut être interactif, offrir de la réalité augmentée, s’adapter à l’élève qui l’utilise, l’entrainer dans un jeu éducatif seul ou en équipe. Des ressources interactives, par exemple avec correction des réponses de l’élève au fur et à mesure de l’avancée du travail, sont disponibles, on pourra visiter à ce sujet le site Web offert par l’association Sésamath pour promouvoir l’utili- sation des TICE dans l’enseignement des mathé- matiques en France ou celui de la KhanAcademy au niveau international pour l’apprentissage des mathématiques, mais aussi de la programmation. Cette montée en puissance est prometteuse pour la mise en activité et le suivi des élèves, mais elle demande évidemment de définir le rôle d’un manuel numérique, une expérimentation dans ce sens a eu lieu de 2009 à 2014 [manuels numériques, 2014], elle va aussi bouleverser d’un point de vue économique l’industrie du livre scolaire. Les modalités de travail Nous venons d’évoquer les ressources interac- tives ; d’autres dispositifs comme le tableau blanc interactif (TBI), présent dans beaucoup d’écoles, permettent un accès collectif à la toile et l’utili- sation des ressources en ligne en classe. Beaucoup de formations font appel à la simulation pour permettre aux apprentis de s’entraîner sans risque, que ce soit dans des domaines déjà connus comme les futurs pilotes d’avions, les conducteurs de TGV ou plus récemment les gestes de chirurgie fine ou les dissections pour éviter l’utilisation d’animaux. La visualisation de phénomènes complexes simulés permet à tous de mieux les appréhender et les comprendre. Le savoir est en ligne, notamment au travers de Wikipédia. Il est donc de plus en plus important d’apprendre à apprendre et notamment d’apprendre à chercher le savoir sur la toile et d’apprendre à valider et à critiquer toute l’information disponible. Evolution des sujets enseignés et controverse sur l’apprentissage du codage pour tous ? L’existence des outils évoqués précédemment, mais aussi la nécessité de former les élèves à de nouvelles compétences nécessaires à la vie dans une société numérique, ont conduit à des évolutions de programmes dans de nombreuses disciplines et à la proposition de nouveaux cursus professionnels. L’introduction des algorithmes dans le programme de mathématiques des secondes en lycée, la généralisation d’un ensei- gnement d’informatique dans toutes les classes préparatoires scientifiques, l’ouverture d’une spécialité informatique et sciences du numérique (ISN) en terminale S en sont autant de signes. Dans l’enseignement à vocation plus technolo- gique et professionnelle, le baccalauréat sciences et technologies de l’industrie et du développement durable et sa spécialité systèmes d’information et numérique (STI2D – SIN) ou le bac pro Systèmes électroniques numériques (SEN) en sont d’autres exemples. On a vu se développer ces derniers mois des débats à propos d’un éventuel apprentissage du code par tous. Des initiatives intéressantes ont été prises à ce sujet, la plupart du temps hors du temps scolaire, mais l’essentiel reste à faire, c’est à dire éduquer tous les citoyens au monde numérique dans lequel ils vont vivre et travailler. Jules Verne

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