ALS - Magazine 2 - Janvier 2011

32 / ALS Mag Au départ j’ai boudé Darwin. Un peu comme on boude les anglo-saxons, par pure et simple « tradition » française (il faut dire d’ailleurs que l’exercice est réciproque). Alors qu’en fait, quand on lit vraiment Darwin, on découvre un personnage à la pensée et à la réflexion puissantes. Un observateur hors du commun doté d’un esprit de synthèse et de déduction qui a eu la chance de commencer sa carrière par un tour du monde, un esprit logique qui l’a conduit à cette idée novatrice : celle de la sélection naturelle. A l’heure à laquelle nous fêtons à la fois son 200ème anniversaire et les 150 ans de son fameux ouvrage « On the Origin of Species by Means of Natural Selection » je me trouve plein d’admiration pour Darwin et ses idées. J’arrive de Cape Town, où je viens d’assister justement à un colloque sur Darwin. Les orateurs s’y sont succédé et face à ces brillants historiens et théoriciens des sciences ne restait que l’homme de terrain que je suis. On me dit parfois au ras des pâquerettes, moi je dirais plutôt « au ras des squelettes ». Je suis un praticien, je cours les brousses depuis longtemps et aujourd’hui, cette course m’amène à la steppe d’Asie centrale, dans ces contrées lointaines où se pose la question de l’origine de l’homme moderne. En Mongolie, dans la mine d’or dans laquelle je travaille, j’ai tout de même été accueilli au pistolet ! Les chercheurs d’or n’aiment pas trop les témoins, alors que la seule chose qui m’intéresse ce sont les ossements, témoins eux-mêmes privilégiés d’une grande histoire qui débute il y a environ 70 millions d’années, celle des Primates. Yves COPPENS

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