ALS - Magazine 1 - Décembre 2009

ALS Mag / 7 Rencontre avec René Anxionnat Service de Neuroradiologie Diagnostique et Thérapeutique - CHU de Nancy Valéry Dubois : Malgré le déploiement toujours plus important des technologies, le geste du praticien semble toujours être un élément incontournable du dispositif de traitement des anévrismes. Pourquoi ? René Anxionnat : L’évolution des technologies met à notre disposition des images de plus en plus précises, indispensables au diagnostic et tout à fait nécessaires lors d’une intervention. Mais ensuite il y a les traitements, c’est de la neuroradiologie thérapeutique. Nous guidons les cathéters manuellement, ce qui réclame une grande précision. Nous les dirigeons à l’intérieur des vaisseaux, il y a donc un grand nombre de bifurcations. Ce sont des traitements peu invasifs mais qui réclament une dextérité et une pratique importantes, soit des années d’apprentissage. Généralement, nous partons du pli de l’aine pour remonter tout le système vasculaire, pour enfin arriver dans le cerveau, dans ces petits vaisseaux qui font jusqu’à 200 microns. Au niveau du cerveau, la moindre erreur de manipulation peut conduire à des complications très graves. Avant, on apprenait à manier ces cathéters en faisant des angiographies. Or, maintenant, tous les examens vasculaires réalisés pour établir un diagnostic se font par scanner ou I.R.M., sans manipulation de cathéter. Et donc les neuroradiologues interventionnels n’ont plus cette phase d’apprentissage qui leur permettait doucement d’aller vers le maniement des microcathéters. Pour le maniement des cathéters, plus l’on en manie plus on est habile. V D : D’où l’intérêt de mettre au point des simulateurs. Vous vous êtes rapproché pour cela de spécialistes de l’informatique ? R A : Je travaille effectivement à Nancy avec l’équipe Magrit Loria -INRIA Nancy Grand Est : Marie-Odile Berger, Erwan Kerrien ainsi que l’équipe Alcove (INRIA Lille Nord Europe) pour simuler une intervention et notamment la mise en place des coils dans un anévrisme (fil de platine destiné à remplir l’anévrisme pour l’oblitérer). Pour l’instant, nous travaillons sur des simulateurs visuels uniquement mais à partir de véritables anévrismes. L’image est en trois dimensions dans le logiciel. Ensuite nous allons choisir le coil et observer la façon dont il se déploie à l’intérieur de l’anévrisme, s’il flotte ou si au contraire il va pousser trop fort sur les parois. On peut décider de modéliser les zones de pression sur la paroi du vaisseau. Le stade suivant serait de proposer la connexion du logiciel à des cathéters pour apprendre àmanipuler. Les jeunes neuroradiologues français qui se destinent à la neuroradiologie interventionnelle vont pouvoir prochainement s’entraîner sur des simulateurs de ce type dans le cadre de programmes de formation mis en place par la société française de neuroradiologie. Ces simulateurs doivent toutefois évoluer pour être le plus réaliste possible et s’adapter aux innovations technologiques. V D : Je crois savoir que vous avez par ailleurs rédigé une thèse en collaboration avec l’INRIA ? R A : J’ai effectivement travaillé sur la modélisation 3D des malformations artério-veineuses avec l’objectif d’améliorer le traitement par radiothérapie et disposer d’une analyse tridimensionnelle précise. Il fallait s’appuyer pour cela sur les techniques d’analyses tridimensionnelles qui ont été mises au point à Nancy et qui permettent d’identifier plus clairement la cible, avec une meilleure efficacité et moins de risques. Ces collaborations entre informaticiens et médecins nécessitent des efforts de part et d’autre pour bien définir les problèmes et essayer de les résoudre mais au final ce rapprochement est particulièrement enrichissant à la fois pour les médeçins et pour les informaticiens dans un objectif d’amélioration des soins au patient. Valéry DUBOIS, Image Clé Fig 1- Anévrisme rompu (angiographie) Fig 2 - Anévrisme obstrué par un coil de Platine Fig 3 - Anévrisme traité (obstrué par un coil) Fig 4 - Artère cérébrale moyenne obstruée (AVC) Fig 5 - Désobstruction de l’artère Dossier > Interview Propos recueillis par Valéry DUBOIS / Image Clé

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