ALS - Magazine 1 - Décembre 2009
dans les zones non fouillées. Un effort louable d’exhaustivité quant à la fourniture de renseignements touchant le maximum de disciplines est à signaler. Il induit logiquement une certaine approximation quand il s’agit de la datation des formations géologiques rencontrées par des non spécialistes. Une excellente conclusion fait suite aux monographies et rappelle les objectifs de cette étude magistrale, apports scientifiques, méthodologiques, cartographiques et bibliographiques. Il apparaît donc que malgré quelques rares imperfections, Archéologie des enceintes urbaines et de leurs abords en Alsace et lorraine du XIIe au XVe siècle constitue un ouvrage de référence incontournable pour qui s’intéresse au Moyen-âge, à l’évolution des techniques et à l’intégration du bâti dans son environnement, rapportées aux conditions politiques et économiques du moment. C’est grâce à la prise en compte certes bien tardive mais résolue des vestiges du passé et à la mise en place de l’obligation des opérations archéologiques préventives que cette synthèse doit son existence. Il reste à souhaiter que de tels programmes de recherche continuent à voir le jour dans toutes les localités, utilisant au besoin le canevas fort pertinent élaboré par les équipes ayant travaillé à ce projet multirégional. Archéologie des enceintes urbaines et de leurs abords en Lorraine et en Alsace (XII- XVe siècle) Article > Littérature d’opérations de diagnostics effectuées à l’intérieur même des locaux avant toute destruction. Alors que la trame des différents articles de cet ouvrage est standardisée et prouve que l’archéologie n’est plus le seul fait de littéraires mais aussi de scientifiques, leur contenu est très variable dans le détail, non seulement en raison de la richesse très variable des résultats observés, mais aussi du fait des auteurs eux-mêmes. Certains renouent avec bonheur avec la tradition en faisant précéder leur propos d’une introduction toujours bienvenue alors que d’autres entrent de manière un peu abrupte dans le vif du sujet. La partie historique s’appuyant sur les sources anciennes, est de qualité très variable selon que l’auteur est un historien habitué à la recherche en archives ou plutôt un scientifique n’accordant foi qu’à l’analyse des vestiges exhumés. Cette partie ne s’appuie parfois que sur des sources récentes dont l’âge dépasse à peine deux décennies, ce qui est un peu léger pour des cités médiévales. Ainsi, alors que certains articles offrent une agréable débauche de reproductions de documents anciens et multiplient les références à des recherches passées, d’autres ne sont guère diserts à cet égard. L’abondance d’illustrations extraites des rapports de fouilles montrant des plans et coupes est fort intéressante mais peut-être parfois un peu trop présente sans apporter d’informations fondamentales, si ce n’est le constat que la stratigraphie des ensembles urbains est souvent fort complexe. Le fait d’extraire ainsi des documents d’un rapport non prévu pour la vulgarisation mène parfois à l’écueil d’une localisation problématique des coupes par rapport aux plans partiels et surtout par rapport au plan général de la localité étudiée. Nous noterons, malgré ces quelques remarques la grande qualité des illustrations proposées. L’intérêt de cet ouvrage pour les non initiés devrait être, parmi beaucoup d’autres choses, l’utilisation de nouvelles méthodes de diagnostic. Les méthodes de datation par dendrochronologie et utilisation de la décroissance radioactive sont maintenant bien connues mais on peut toutefois regretter que plusieurs rapports fassent l’impasse quasi totale des méthodes de datation traditionnelles utilisant la céramique et la numismatique. Bien que ces objets soient plus mobiles dans le temps que les restes ligneux, ils devraient au moins être signalés ne serait-ce que pour discuter la validité des résultats obtenus par les diverses méthodes. Parmi les techniques récentes, la microtopographie donne des résultats passionnants ALS Mag / 31 Sous la direction de Yves Henigfeld et Amaury Masquilier Ouvrage édité par la Revue Archéologique de l’Est, Dijon, décembre 2008, 539p XXVIe supplément ISBN : 2-915544-09-3 Analyse de l’ouvrage par Christian Pautrot Président de la Société d’Histoire Naturelle de Moselle Plus que le compte-rendu des dernières fouilles ayant eu lieu sur les enceintes urbaines lorraines depuis une vingtaine d’années, cet ouvrage conséquent est une somme concernant les données recueillies depuis des siècles sur le développement des agglomérations depuis leur fondation ou l’accélération de leur emprise au Moyen-âge. On y trouve donc, avec certes des variantes en fonction des auteurs, tout ou partie des documents accumulés dans les collections privées puis dans les bibliothèques et services d’archives de nos départements, ce qui constitue une synthèse très appréciable pour les chercheurs qui doivent habituellement hanter de nombreux sites avant de pouvoir se faire une idée objective du développement urbain. Dix-huit villes d’étendue très variable sont ainsi étudiées soit moins de 10% du total des villes d’Alsace et de Lorraine. Il s’agit pour les auteurs de comprendre les processus de formation urbaine, notamment dans les petites agglomérations en général beaucoup moins connues que les grandes cités d’origine antique. Alors que jusqu’à la dernière guerre, un tel travail n’était souvent que livresque ou était mené à partir d’éléments en élévation survivants des aléas du temps, la multiplication des grandes opérations immobilières parfois liées à la reconstruction mais plus souvent à une volonté politique de faire table rase du passé architectural des villes a amené à la destruction massive et programmée de quartiers entiers, offrant aux archéologues la possibilité souvent limitée dans le temps d’observer dans les trois dimensions des vestiges du passé. La création de services assurant des fouilles préventives avant les opérations immobilières à partir de 1980 a été à cet égard un apport primordial, suivi peu de temps après,
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