ALS - Magazine 1 - Décembre 2009

Ouvrage collectif de la Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l’Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Lorraine (CPEPESC Lorraine) Coordination et rédaction : François SCHWAAB et Alexandre KNOCHEL Numéro spécial de la revue CICONIA - Vol. 33 - 2009 Relié 564 pages - 17 cm x 24 cm - 40,00 Euros ISBN : 978-2-9533006-0-4 « CONNAÎTRE ET PROTÉGER LES CHAUVES-SOURIS DE LORRAINE » constitue un atlas traitant des 22 espèces représentées dans la région, soit un tiers de ses Mammifères. Il couvre la période 1984-2007 soit 23 hivers et 23 étés. Fruit d’un travail de synthèse de François SCHWAAB, Alexandre KNOCHEL et Dorothée JOUAN, cet ouvrage est d’abord le résultat de l’exploitation de la base de données régionale. Cet outil informatique centralise sur la période 43 230 données recueillies par plus de 170 observateurs sur 11 980 sites. Une synthèse de la bibliographie chiroptérologique européenne est également réalisée. Décliné à l’échelon régional, l’ouvrage cerne tout d’abord la « Lorraine des Chiroptères », le contexte géographique, géomorphologique, écologique et socio-économique. Suit une brève présentation de la biologie et de l’éco-éthologie de l’ordre. Un premier chapitre traite de l’histoire de la chiroptérologie et un deuxième aborde l’étude et la protection des Chiroptères. Enfin et surtout, le troisième, après une explication de la méthode suivie, présente au lecteur les 22 espèces représentées en Lorraine au travers de monographies très complètes. Analyse de l’ouvrage par Annette LEXA-CHOMARD Docteur ès sciences biologiques, auteure et expert scientifique Cet ouvrage collectif, vient combler une lacune bibliographique en France, même s’il est spécifiquement dédié aux 22 espèces de Chauves- souris en Lorraine. Il est le fruit d’une initiative prise il y a 25 ans à l’origine de laquelle on trouve des membres de la Société d’Histoire naturelle de la Moselle - Bernard Hamon, Yves Gérard - qui lancèrent le projet de l’élaboration d’une base de données informatisée, débutée dans les années 80, enrichie désormais par l’intégration de l’enregistrement du géoréférencement. Ces derniers, avec les coordinateurs de l’ouvrage François Schwaab et Alexandre Knochel, s’inscrivent en dignes successeurs d’une longue lignée de naturalistes dont l’ouvrage nous recense l’historique : les premiers représentants de la SHNM (Jean Jacques Holandre, Alfred Malherbe, Dominique Fournel puis l’Abbé Kieffer) et aussi Dominique Alexandre Godron, Hubert Mathieu et surtout Henri Heim de Balsac. Les Chiroptères représentent le 2e ordre de mammifères après les Rongeurs, avec plus de 1000 espèces de part le monde et 39 en Europe. Mais les chauves-souris sont particulièrement menacées par les activité humaines (aménagement des espaces avec disparition des corridors de chasse et de déplacement, pesticides…) alors qu’elles sont d’excellents indicateurs de la qualité de l’environnement, comme les lichens. En outre les chauves-souris mangent quotidiennement des milliers d’insectes, notamment nuisibles pour l’agriculture. Cet atlas régional s’inscrit dans la droite ligne de la dynamique européenne engagée contre « l’érosion de la biodiversité ». Depuis 1997, un vaste programme transfrontalier aboutit à la création d’un réseau de surveillance des gites de ces animaux menacés. L’enjeu en Lorraine est important parce que la région possède des habitats privilégiés (forêts, milieux souterrains naturels, anciens sites d’exploitation de roches et minerais, nombreux ouvrages militaires …) Paradoxalement, alors que la technocratie utilitariste a envahi les programmes d’enseignements de la biologie, ce travail vient contredire l’idée que l’observation naturaliste est une activité en voie de disparition. Le recul de 25 ans montre à quel point le nombre d’observations, de sites répertoriés a augmenté avec les années, particulièrement depuis 1998. Ce réseau repose sur le bénévolat, faut-il le rappeler. Et cette passion qui anime ces observateurs infatiguables, à valeur économique nulle, réconforte. L’ouvrage nous propose une partie traitant de la biologie et l’écologie générale des chiroptères, dans laquelle on peut regretter simplement l’absence de données évolutives et phylogéniques, liées au passé géologique et climatologique en Lorraine. L’évolution du suivi des sites d’observations, des effectifs, de la répartition altidudinale, des effectifs des femelles et de jeunes dans les nurseries, offre désormais des indicateurs fiables pour les sites à protéger en priorité (poses de grilles, arrêtés préfectoraux, bail emphytéotiques, classements ENS, Natura 2000, RNR, RNN… ) Ce travail considérable ne doit pas rester l’affaire de spécialistes mais doit déboucher sur des actions de sensibilisation concrète des populations et des acteurs régionaux : actions au niveau des bâtiments publics (mairie, écoles, église ... ) , conservation de vieux arbres, ilots de vieillissement, haies et ripisylves, gestion de la menace des éoliennes. Des explications ont été invoquées comme le fait que les poumons des chauves souris seraient plus sensibles que les oiseaux au barotraumatisme qui survient lorsque le mammifères se rapprochent des pales de l’éolienne, phénomène indétectable pour les chauves-souris plus sensibles à ces dépressions subites que les oiseaux, mais cela pourrait être tout aussi bien et plus simplement la hauteur de vol. Les chauves-souris peuvent aussi être intoxiquées par les produits biocides des charpentes traitées : là aussi les idées ne manquent pas comme indiquer les produits à éviter, privilégier le traitement en hiver, sensibiliser via les magasins de bricolage, les professionnels des extermination d’animaux « nuisibles »… A cet égard, on regrette un peu que le livre n’expose pas de méthodologie et les précautions à prendre en cas de découverte d’une colonie ou d’un individu isolé ni n’aborde l’aspect sanitaire : que faire en cas de morsure ? En effet il faut rappeler que les chauves-souris peuvent être vecteurs de la transmission d’épizooties et de la rage chez l’homme, le bétail et les animaux domestiques particulièrement la Sérotine commune. Quoiqu’il en soit cet ouvrage est remarquable, pas seulement par sa qualité scientifique mais parce qu’il donne envie de croire que rien n’altèrera la passion et l’énergie des amoureux de la nature, pour peu que des moteurs tels que les politiques européennes et régionales les soutiennent. Cet ouvrage en est un bel exemple. Connaître et Protéger les Chauves-souris de Lorraine Article > Littérature 30 / ALS Mag

RkJQdWJsaXNoZXIy MTIzMTM=