Académie Lorraine des Sciences




PROCES VERBAL DE LA SEANCE DU 12 FEVRIER 2009.


Présents :
60 personnes se sont inscrites sur le cahier des présences.
En caractères droits, les Sociétaires :
Pierre Aimont, Michèle Allanet, Michel Arnoud, Jean Marie Blaising, Pierre Boyer, Danielle Burckard, Renée Chollot, Bernard Chollot, André Clément, , Guy Combremont, Daniel Coupechoux, Pierre Coupechoux, Francis d’Alascio, Nicole de Crevoisier, Jean-Claude Derniame, Louis Florentin, Claire Fournet, Charles Franiatte, Jean-Marie Fossard , Michèle Gabenisch, André Georges, Claudine Guigne, Jean-Pierre Haluk, Marie Christine Haton, Jean-Paul Haton, René Haas, Claude Hérique, Marguerite Hérique, Nathalie Huron, Gérard Hussenet, Emmanuelle Job, Pascal Job, Jean-Pierre Jolas, Colette Keller-Didier, Claude Kevers-Pascalis, Jacqueline Kevers-Pascalis, Jean-Claude Lepori, François Limaux, Colette Mayeur, Maurice Metche, Roland Mollex, François Mortier, Jean-François Pierre, Jeannine Puton-Scherbeck, Jean-Pierre Puton, Guy Raval, Paul Robaux, Jean-Pierre Rombach, Monique Schissler, Jean-Marie Schissler, Gino Tognolli, Jocelyn Trouslard, Michelle Valck, Guy Vaucel, François Vernier, Colette-Marie Wayoff, Michel Wayoff, Marie-Christine Weber.
Absents excusés :
Dominique Dubaux, Jean-Pierre Finance, Laurent Guérard, Oscar Goebel, Claudine Guidat, Francis Jacob, Bernard Poty, Gérard Siest, André Oostrelinck.

La séance est ouverte à 17 h 30 par la Présidente :
Allocution de la Présidente :
En ouvrant cette séance, je ne peux passer sous silence un anniversaire qui nous concerne et que vous ne pouvez ignorer tant il est rappelé partout, dans la littérature, la presse, la radio, la télévision ou Internet !
Je veux parler du 200e anniversaire de la naissance de Charles Darwin.
Notre Académie fêtera dignement cet événement le 22 novembre prochain.
Pourquoi si tard pourriez vous dire ? Par ce que cette date marquera le 150e anniversaire de la parution de l’ouvrage majeur de Charles Darwin : "De l’origine des espèces". Nous aurons l’occasion de vous le rappeler, mais aujourd’hui il convenait de dire "bon anniversaire" Monsieur Darwin !
Après la tenue, samedi 31 janvier dernier, de notre Assemblée Générale et après la remise du Prix de Thèse à notre lauréat, Christophe Candolfi, nous poursuivons, ce 12 février, le programme annoncé avec une communication très scientifique qui sera suivie d’une conférence révélatrice de l’influence des millénaires écoulés sur la forme de nos paysages.

Accueil deux nouveaux sociétaires.
Présentation de Madame Emmanuelle Job par la Présidente.
Parrains : Colette Keller-Didier et Francis Jacob.
J’ai personnellement la satisfaction de présenter Emmanuelle Job que je coparraine avec Francis Jacob, dont j’excuse l’absence pour raison de santé, et auquel nous transmettons nos souhaits d’excellente convalescence.
Présenter une amie, n’est pas un exercice aisé !
Cependant c’est avec une joie non dissimulée que j’accueille ce soir Emmanuelle Job.
Nancéienne et maman de trois enfants, Emmanuelle a eu un parcours ponctué par sa vie familiale et adaptée à l’évolution de la carrière de son époux.
Après un baccalauréat en philosophie, Emmanuelle accumule les diplômes :
une licence en droit, un certificat d’étude judiciaire, un DEA en droit privé, un certificat de formation de bibliothécaire, une formation à la 99ème session régionale de l’IHEDN et un an de formation en Nouvelle Zélande à la Dominion English School d’ Auckland.
Parallèlement, elle exercera successivement les fonctions de rédactrice à la direction des engagements de la SNVB, de professeur de Français en Nouvelle-Calédonie, de collaboratrice dans un cabinet d’avocats près la Cour d’Appel de Papeete.
Elle a produit une note sous arrêt de la Cour d’Appel de Papeete dans la revue de jurisprudence Dalloz et des observations sur arrêt de Cour de Cassation.
Elle est engagée dans plusieurs associations, au nombre desquelles le Foyer du jeune ouvrier Le grand Sauvoy, la délégation régionale de Femmes responsables et l’association de l’IHEDN de 1992 à 1995 en Polynésie et en Lorraine depuis 2006.
Elle y a pris des responsabilités, tantôt de trésorière, tantôt de secrétaire ou de Vice Présidente.
Actuellement Emmanuelle est secrétaire générale de l’association Lorraine de l’IHEDN et assure la formation juridique des fonctionnaires du Grand Est.
Emmanuelle est caractérisée par une rigueur de jugement qui sied parfaitement à ses fonctions et par une sincérité dans ses sentiments très appréciée de ses amis.
Un certain nombre d’entre vous la connaissez déjà et je ne doute pas que pour les autres, d’amicales relations se nouent rapidement à partir de ce soir.
Nous félicitons Emmanuelle Job pour son élection par le Conseil d’administration et lui souhaitons la bienvenue.

Réponse de Madame Emmanuelle Job.
Madame la Présidente, mesdames et messieurs.
Je suis extrêmement sensible à l’honneur qui m’est fait aujourd’hui.
Vous venez de tenir à mon sujet madame la présidente des propos chaleureux qui me touchent particulièrement.
Cependant je dois avouer que lorsque vous m’avez proposé de rejoindre l’académie en qualité de sociétaire, je me suis accordé quelque temps de réflexion.
Je connais bien cette remarquable institution. J’ai déjà assisté à plusieurs reprises à des conférences de très haut niveau. Je compte parmi ses membres un certain nombre d’amis.
J’ai d’ailleurs une pensée spéciale pour Francis Jacob, qui est mon second parrain, et qui ne peut être là, immobilisé par les suites de son intervention.
Mais je ne m’étais jamais envisagée en "scientifique".
Au cours de mes études secondaires j’ai rencontré plus de succès avec les versions latines et grecques qu’avec les équations mathématiques ou les problèmes de physique.
Et lorsque j’ai entendu au cours de séances antérieures développer les parcours éminents des sociétaires qui m’ont précédée, cela ne pouvait que renforcer mon doute.
Mais comment résister à un tel honneur ?
Comme vous venez de le mentionner, Madame la présidente, je suis juriste de formation.
Alors, " le droit est-il une science ? "
La réponse à cette question appelle de nombreux développements qui pourraient sans doute faire l’objet d’une communication ultérieure.
Mais on reconnaît communément la notion de " sciences juridiques ", comme il est question de sciences politiques, sciences économiques, sciences sociales.
J’ai relevé à l’article 1er de ses statuts que l’Académie "a pour but les progrès et la diffusion des Sciences mathématiques, physiques, naturelles et humaines, dans toutes leurs branches théoriques et appliquées".
La "science juridique" rentre nécessairement dans ce cadre.
Et je suis prête à apporter ma contribution dans ce domaine.
Je vous apporterai également toute mon amitié et ma disponibilité.
Je vous remercie de votre accueil.

Présentation du Professeur Michel Wayoff par le Docteur François Regnier.
Parrains : Colette Keller-Didier et François Régnier.
La Présidente précise que le nouveau sociétaire n’est pas un inconnu de l’Académie.
Le 12 février 1959, un jeune médecin nommé Michel Wayoff présentait une communication qui n’a pas échappé à la sagacité de notre collègue Jean-François Pierre.
Elle laisse la parole au Docteur François Régnier pour la présentation du nouveau sociétaire.
Michel Wayoff commence ses études de médecine à Nancy au lendemain de la seconde guerre mondiale. Son parcours est sans faute avec un excellent " chrono " : Externe en 1946, Interne en 1949, Chef de clinique en 1952, Docteur en médecine en 1953, Assistant en 1954, ORL des Hôpitaux en 1958. Il est Agrégé en 1961. C’est en 1973 que le Docteur Michel Wayoff est nommé Professeur titulaire de la chaire d’Oto-rhino-laryngologie à la Faculté de médecine et qu’il prend la direction de Service du CHU de Nancy.
Le Professeur Wayoff développe les différents compartiments de sa discipline. Il implante le microscope opératoire dans la chirurgie de l’oreille. Il encourage les collaborations de l’ORL avec l’immunologie, la génétique, la neurologie et la cancérologie. Michel Wayoff contribue à consolider au niveau européen l’ORL avec la chirurgie cervico-faciale. Il consulte, soigne, opère, cherche des voies nouvelles, enseigne et forme des élèves qui pratiqueront non seulement en Lorraine mais bien au-delà de la France. Quand au détour de la conversation il vous lance : "Ce qui n’est pas physiologique n’est pas humain", nous éprouvons le mur de solitude des sourds et l’impuissance pathétique des voix sans larynx.
La trace de sa carrière médicale d’excellence et l’exposé de ses titres et travaux est disponible sur le site internet ‘médecine’ de l’Université Henri Poincaré : www.medecine.uhp-nancy.fr/professeurs/Wayoff_M.htm.Aussi, nous ne pouvons dérouler in extenso cette longue liste qui comprend les nombreuses sociétés savantes françaises et étrangères dont il est membre, ses responsabilités éditoriales dans les revues spécialisées en ORL, ses différents enseignements - tant en Lorraine qu’à l’étranger, ainsi que les quelque 400 publications françaises et internationales, issues de ses travaux.
Nous ferons une exception pour une société internationale allemande : la Deutsche Gesellschaft für Hals-Nasen-Ohren-Heilkunde, Kopf- und Hals-Chirurgie. Le Professeur Wayoff a été élu Ehrenmitglieder [Membre d’honneur] et il est, avec le Professeur Michel Portman de Bordeaux, l’un des deux seuls Français appartenant à cette prestigieuse académie.
Le Professeur Michel Wayoff est Chevalier de la légion d’Honneur au titre du Ministère de la Santé et de la Solidarité, Officier des Palmes académiques et Médaille d’or du CHU de Nancy.
Sous la blouse blanche du médecin, il y a Michel Wayoff - un homme de convictions et d’indépendance d’esprit. D’ascendance militaire, fils d’un officier tué en 1940 - et après des études secondaires au Prytanée militaire de La Flèche - il y a toujours chez lui une nécessité de l’honneur, du courage et de l’audace. Il garde cette nécessité avec en main le sabre de l’escrimeur et - plus largement - dans sa vie toute entière Michel Wayoff ne semble pas très éloigné de la devise qui figure sur tous les bâtiments de la Marine nationale française : " Honneur, Patrie, Valeur, Discipline ". Voilà une dissidence de sa part qui est à souligner dans notre paysage social actuel. Ce paysage aujourd’hui pollué par le relativisme culturel et moral et l’idée que toutes les valeurs sont équivalentes. L’attitude contemporaine complaisante sous-tend en effet qu’il n’y a pas de hiérarchie des valeurs et que tout est possible impunément. Cette situation qui est dénoncée - dès la fin des années ’60 - par le Philosophe et Sociologue Julien Freund comme une des raisons de la décadence spirituelle de l’Europe.
Pour terminer. Le stéréotype ancien d’un médecin cultivé et humaniste se dissout aujourd’hui dans la réalité du médecin technicien. Il est donc très stimulant de retrouver chez un clinicien de la qualité de Michel Wayoff, une véritable réflexion sociétale. Aujourd’hui, nous recevons un grand Acteur de l’ORL et de la chirurgie cervico-faciale et un Homme d’une réflexion exigeante sur le devenir de la société. Au nom de notre Compagnie, Professeur Michel Wayoff, soyez le bienvenu parmi nous !

Réponse courtoise du Professeur Michel Wayoff à son parrain et aux sociétaires.Présentation des conférences.

Le premier conférencier à présenter une communication est Monsieur Éric Olmos.
Monsieur Éric OLMOS est Ingénieur de l’Ecole Nationale Supérieure des Industries Chimiques de Nancy, il est aussi Docteur de l’INPL en Génie des Procédés.
Il est Maître de Conférences à l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires et rattaché au Laboratoire des Sciences du Génie Chimique (UPR CNRS) dans le groupe du Génie des Procédés Biotechnologiques et Alimentaires.
Il enseigne "Le Génie des Procédés Alimentaires, mécanique des fluides, opérations unitaires de transformation, extrapolation de procédés"
Ses thèmes de recherche :sont "Les procédés de culture en masse de cellules animales et de bactéries : couplage réacteur/cellule. Culture de cellules souches et de tissus. Optimisation des milieux de culture pour cellules animales."
Titre de la communication : Étude des effets de l’agitation et de l’aération en procédés biotechnologiques : exemples de cellules animales et des bactéries filamenteuses.
Fin de la conférence et remerciements de la Présidente.
Suivent les questions.
Résumé de la communication.
Les procédés mettant en œuvre des biocatalyseurs (bactéries, levures, cellules animales) représentent aujourd’hui des enjeux sociétaux et industriels majeurs dans les domaines pharmaceutiques, environnementaux et alimentaires. Les performances de ces procédés sont entre autres conditionnées à la mise en œuvre d’une agitation et d’une aération optimales.
Au travers de deux exemples (culture de bactéries filamenteuses pour la production d’antibiotiques et de cellules animales pour la production de protéines recombinantes), le couplage entre les conditions de culture et la réponse cellulaire sera détaillé. L’accent sera porté sur l’apport des outils modernes de caractérisation des procédés biologiques (mesures de champs de vitesse, simulation numérique des écoulements).

Présentation du second conférencier Monsieur Jean Marie Blaising par Monsieur Bernard Chollot.
Notre conférencier Jean Marie Blaising n’est pas un inconnu pour vous.
Il est venu à notre tribune le 13 novembre dernier pour nous parler d’archéologie préventive et nous expliquer comment les sciences naturelles viennent au secours de l’archéologie.
Jean Marie Blaising est archéologue, ingénieur chargé de recherche à l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives)
Il est aussi diplômé de l’École des hautes études en sciences sociales en archéologie médiévale.
Archéologue du milieu rural dans l’espace Rhin-Moselle, Jean Marie Blaising étudie l’occupation des territoires du 1er millénaire avant notre ère à nos jours.
Il a rédigé 20 articles sur les fouilles en milieu rural, fait 14 interventions lors de colloques dont 10 internationaux.
Il intervient dans 6 établissements d’enseignement supérieur et dans 3 établissements lorrains au titre de la formation continue.
Il a organisé 7 tables rondes ou colloques régionaux et 9 expositions.
Il donne volontiers des conférences (46 déjà répertoriées)
Depuis décembre 2008, Jean Marie Blaising est titulaire d’un Mastère 2 "Jardins historiques, paysages et patrimoine" à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles ( pour passer du "grand paysage" aux jardins)
À tout cela il faut ajouter que Monsieur Blaising ne ménage pas son énergie pour diffuser et faire connaître sa discipline aux jeunes, car c’est lors du millésime 2007 de la fête de la science que j’ai fait sa connaissance sur le campus des sciences à Vandoeuvre. Or vous savez sans doute que tous ceux qui font aimer les sciences à notre jeunesse sont nos amis ! "
Titre de la conférence : L'archéologie des paysages du plateau lorrain : des milieux façonnés par l'homme.
Fin de la conférence et remerciements de la Présidente
Suivent les questions.
Résumé de la conférence de Monsieur Jean Marie Blaising
Depuis plus de vingt ans, l'archéologie préventive concerne des surfaces de plus en plus importantes. Outre les habitats et les nécropoles, les fouilles permettent d'étudier les champs, les chemins, l'érosion… toutes les composantes des paysages anciens et de fait, actuels.
Les observations faites lors de fouilles de fonds de vallons et particulièrement sur le tracé du TGV, le site de St Epvre (57)sur le plateau lorrain permettent, par exemple, de restituer une histoire de l'érosion agricole. De la fin de la dernière glaciation au IIe millénaire avant notre ère, celle-ci est faible (4,5 cm par millénaire), elle est quinze fois plus importante durant le seul premier millénaire avant notre ère (65 cm), puis de 100 cm durant le premier millénaire de notre ère et 130 cm durant le deuxième millénaire. Les fonds de vallées qui étaient de vastes zones humides ont vu progressivement les cours d'eau s'encaisser dans plus de trois mètres d'apports de colluvions dus à l'érosion. Au IXe s., les villages héritèrent d'un paysage déjà profondément transformé. En hiver, les fonds de vallées plats étaient recouverts d'eau pendant des semaines voire des mois et de ce fait n'étaient pas aptes à accueillir des cultures céréalières. Par contre, ces terrains étaient favorables aux prés de fauche et/ou de pâture. Dans ces contextes vallonnés du plateau lorrain, la polyculture (élevage et céréaliculture) peut avoir été une adaptation à la transformation du milieu. L'élevage étant pratiqué sur les fonds de vallées inondables et les labours sur les versants. Jusqu'au XXe s., les champs bombés, tracés dans le sens des pentes ont accéléré l'érosion et le comblement, lent mais continu, des fonds de vallons et de vallées. Sur le site de St Epvre, les sols des habitats des IXe-Xe s. étaient recouverts par 1,30 m de sédiments. La surface inondable n'a pas cessé de s'étendre et a également déterminé les altitudes des implantations plus récentes des villages de vallées.
L'archéologie permet de mesurer sur le très long terme certaines conséquences de pratiques agricoles mises en œuvre il y a des centaines ou des milliers d'années. A l'heure ou la notion de "développement durable" occupe beaucoup de discours, ces recherches sont en mesure de donner une épaisseur historique aux projets d'aménagements et d'orientations.

Clôture de la séance à 19 h 30 suivis d’un rafraîchissement au bar de la Communauté Urbaine du Grand Nancy

Le Secrétaire de séance : Jean-Pierre Jolas
La Présidente : Colette Keller-Didier