Séance de l'Académie Lorraine des Sciences

12 06 2014

Grands Salons de l'Hôtel de Ville de Nancy

17h30

Conférence

Consensus et/ou dissensus en filigrane des interactions et du pouvoirScience et Philosophie

présenté par François REGNIER

 

PV

Procès-verbal de la séance de l’Académie Lorraine des Sciences

du 12 juin 2014

Liste des Présences

Sociétaires : Jean-Claude ANDRE, François BAUDIN, Ouarda BOUZAMA, Pierre BOYER, Jean CAILLIEZ, Bernard CHOLLOT, Marie-Bernard DILIGENT, Dominique DUBAUX, Jean-Marie DUBOIS, Charles FRANIATTE, Michèle GABENISCH, André GEORGES, Geneviève GRISON, René HODOT, Jean-Pierre JOLAS, Colette KELLER-DIDER, Jean- Dominique de KORWIN, Hélène LENATTIER-SICARD, Jean-François LESESVE, François LIMAUX, Maurice METCHE, Bernard POTY, François REGNIER, Aline ROTH, Gérard SCACCHI, Joseph STINES, Gino TOGNOLLI, François VERNIER.

Non sociétaires : Michelle ALLANET, Michel ARNOUX, Danielle BURCKARD, Renée CHOLLOT, Blandine CYPRIANI, Jacques DERICBOURG, Jeanne GODARD, Patrick LIBERT.

Ouverture de la séance à 17 h 30 par la Présidente, Dominique Dubaux.

Mesdames, Messieurs, Chers confrères, chers amis,

Bienvenue à tous en cette séance qui marque déjà la fin de notre année académique 2013- 2014.

Avant la dispersion totale liée aux vacances d’été, le mois de juin nous offre encore à Nancy de belles occasions culturelles.

Ce matin même, au Parc de la Pépinière de Nancy, dans le cadre du Festival du Film de Chercheur, qui se déroule jusqu’à dimanche, j’ai participé au jury du concours du Chercheur en herbe présidé par notre confrère Michel ROBERT ,vice-président de l’Université de Lorraine. L’ALS a récompensé par un prix (appareil photo et pied-support assorti) la classe de CM1/CM2 de l’école FLEMING de Jarville-la-Malgrange pour un court-métrage intitulé : « Chauffer de l’eau avec le soleil »

Ce samedi 14 juin à 14h au Hall du Livre, nous sommes invités à une rencontre- dédicace du livre de Gino TOGNOLLI et André CLEMENT en présence des auteurs qui présentent un Album de 500 photographies de la Grande Guerre.

André CLEMENT représentera l’ALS au jury du Grand Prix en Chimie de l’IGDL le 18 juillet prochain. Il devait être accompagné de Jean-Pierre HALUK qui est souffrant et qui lutte courageusement contre une méchante maladie.

Nous vous donnons rendez-vous le 11 septembre à 17h30 dans cette salle du Conseil pour une rencontre- débat proposée par la 5° section dont Pierre BOYER, qui en est le président, va vous présenter le thème.

Pierre BOYER prend la parole pour présenter cette rencontre qui aura lieu le 11 septembre à 17h30 avec l’autorisation bienveillante de Monsieur le Président André Rossinot. Le sujet de la multiconférence est « Le déni de grossesse ». Des invitations seront envoyées fin août.

page1image21392 page1image21552

Nous ne manquerons pas de rappeler le colloque « Les automnales des émérites » organisé par l’association amie des professeurs et chercheurs émérites de Lorraine, présidée par notre confrère Armand GUCKERT. Vous avez trouvé les coordonnées du site pour vous y inscrire. Je donne la parole à René HODOT, académicien de la cinquième section et professeur émérite pour en dire quelques mots.

René Hodot rappelle l’intitulé du colloque « Coopération entre générations pour un monde durable » qui se déroulera les 1° et 2 octobre 2014 sur le site Artem à l’Ecole des Mines de Nancy. Ce colloque traitera de questions autour de la gestion durable des ressources énergétiques, resituées dans le contexte économique, sociétal, industriel avec accent mis sur l’aspect intergénérationnel. Les inscriptions sont ouvertes.

Le conseil d’administration a déjà validé le programme de l’année académique 2014-2015 qui sera détaillé lors de notre séance solennelle de rentrée le jeudi 9 octobre au Conseil Général de Meurthe-et-Moselle. Notre confrère Arnaud Fischer y donnera une conférence intitulée « Abécédaire amoureux de la science ».

Cette séance sera précédée du « Rendez-vous annuel de l’ALS au château de Lunéville » sur le thème de la lumière, le samedi 4 octobre. Vous recevrez le programme et le bulletin d’inscription début septembre.

Le 24 octobre : à l’Hôtel de ville de Nancy, célébration du 10° anniversaire de la signature d’une convention de partenariat entre l’ALS et L’IGDL section des sciences en présence du professeur Jules HOFFMANN, membre de l’Académie française, membre de l’Académie des Sciences, prix Nobel de médecine 2011, qui donnera une conférence intitulée« L’immunité innée : des insectes à l’Homme », c’est-à-dire les travaux de son prix Nobel.

En novembre trois autres rendez-vous sont prévus, la remise de notre Grand Prix à l’Hôtel de Région à Metz, la séance exceptionnelle dans le Grand Salon de l’Hôtel de ville à Nancy sur « la ville numérique » et cette année un colloque sur l’omniprésence des cristaux dans notre quotidien en l’année internationale de la cristallographie avec des invités prestigieux dont trois membres de l’Institut et le Haut Commissaire à l’énergie atomique. Notre confrère Jean- Marie DUBOIS, par ses nombreux contacts professionnels, est la cheville ouvrière du programme de ce Colloque disponible sur les flyers mis à disposition. Je remercie publiquement Jean-Marie pour le temps qu’il a investi dans la préparation de ce colloque.

Ces manifestations, organisées à une cadence accélérée, créent, c’est notre volonté affichée, un élan culturel considérable pour notre académie, pour l’éclat de la ville et le rayonnement des sciences en Lorraine et au-delà. Elles ont pour but de modifier le regard collectif que notre société porte sur la science, et comme le dit si bien Etienne KLEIN, je cite : « de nous interroger sur notre façon de dire la science, de la transmettre, de la présenter comme une authentique aventure intellectuelle, avec son histoire, ses héros, ses problèmes, ses méthodes, pour faire sentir les chocs qu’elle induit dans la pensée. »

Toutes ces manifestations seront ouvertes, et je vous demande instamment d’être autour de vous les ambassadeurs de ce somptueux programme.

Mais revenons à ce soir, où nous débutons notre séance par la réception de Madame Céline FROCHOT, en tant que nouvelle sociétaire de notre académie. Nous avons l’immense plaisir de l’accueillir parmi nous et un certain nombre de personnes présentes ce soir ont fait sa connaissance lors d’une conférence qu’elle a donnée ici-même en décembre dernier intitulée : « Les nanomédicaments contre le cancer ». Ses parrains sont Gérard Scacchi et Jean-François Muller (absent ce soir puisqu’il vient d’avoir un accident de la route aux portes de Nancy en se rendant à cette séance). Je laisse à Gérard le soin de présenter Céline Frochot.

Présentation d’une nouvelle sociétaire, Céline FROCHOT, par Gérard SCACCHI

Céline, lorsque j'étais l'un de vos professeurs à l'ENSIC, je ne me doutais pas qu'un jour j'aurais le plaisir d'être l'un de vos deux parrains pour vous accueillir comme nouvelle sociétaire de l'Académie Lorraine des Sciences.
Mais est-il besoin de vous présenter à nouveau ? La plupart des personnes présentes ce soir ont eu le plaisir d'assister à votre très belle conférence en décembre dernier intitulée : « Les nanomédicaments contre le cancer » et vous avez bien sûr été présentée à cette occasion.

Je serai donc très bref.
Vous obtenez, en 1994, un diplôme d'Ingénieur ENSIC, ainsi qu'un DEA. Vous commencez, la même année, une thèse de Doctorat que vous soutenez en 1997. Après une année d'ATER, vous partez pour un séjour post-doctoral de deux ans à l'Université d'Amsterdam. A votre retour vous êtes admise CR au CNRS puis, après l'obtention d'une HDR en 2008, vous êtes nommée DR2 au CNRS, dans le nouveau laboratoire « Réactivité et Génie des Procédés », à l'Université de Lorraine.

Depuis 2000, votre activité de recherche tourne essentiellement autour de la photochimie et de la photophysique, en particulier la conception de molécules photoactivables :
- soit pour la détection par fluorescence de macromolécules en solution
- soit pour la thérapie photodynamique anticancéreuse (thème, précisément, de votre récent exposé).

Vos travaux ont conduit à une production scientifique impressionnante : 72 publications avec comité de lecture, 6 chapitres de livres, 19 actes de congrès, 28 conférences invitées (dont 11 internationales), 178 communications et affiches (dont 102 internationales) et 32 jurys de thèses ou de HDR.

Vous avez encadré ou co-encadré : 15 doctorats, 5 thèses d'exercice en pharmacie, 3 post- doctorats et 16 stages de fin d'études d'ingénieur.

Vous avez été également l'organisatrice ou la co-organisatrice de 8 congrès ou journées scientifiques et avez été porteuse de 8 contrats de recherche.
On ne sera pas étonné que, pour toutes vos activités de recherche, vous ayez été plusieurs fois distinguée, en particulier par un 2ème prix régional du chercheur en 2010 et un Prix d'Excellence Scientifique en 2013.

Cette intense activité scientifique s'ajoute, bien entendu, à vos responsabilités familiales puisque vous avez trois jeunes enfants dont le plus âgé a 5 ans. On pourrait penser que tout cela suffit à bien remplir vos journées !
Ce serait mal vous connaître. En effet, vous avez une passion : le chant choral. Votre père a créé, il y a 40 ans cette année, la chorale « Aux 4 vents » à Pulnoy. Vous y avez chanté dès votre enfance et y avez progressivement pris des responsabilités, à tel point que vous êtes

aujourd'hui l'un des deux chefs de chœur de la chorale adultes (85 chanteurs), ce qui représente, à nouveau, une très grosse responsabilité.
Céline, nous espérons que, malgré toutes vos occupations, vous pourrez faire bénéficier l'ALS de vos connaissances scientifiques et surtout y apporter l'enthousiasme de chercheur que tous les membres de l'ALS avaient tellement apprécié lors de votre conférence.

Céline, bienvenue parmi nous !
Remise de l’insigne de l’ALS par Dominique DUBAUX en l’absence de Jean-François

MULLER

Réponse de Madame Céline FROCHOT

Je suis très honorée d’être ce soir parmi vous, et de rentrer dans cette belle famille.

Je dois vous avouer que cette aventure s’est faite un peu par hasard : le 28 janvier 2013, je recevais un mail de la présidente de l’Académie Lorraine des Sciences, qui m’écrivait :

“Cher(e) ami(e), Vous avez bien voulu proposer une conférence pour le public de l'Académie Lorraine des Sciences.....”

J’étais un peu étonnée car je n’avais rien proposé, mais je voudrais remercier chaleureusement la personne qui m’a recommandée.

Je ne vais pas vous parler de sciences puisque j’ai déjà exposé, le 12 décembre 2013, ce qui occupe 90% de mon temps au laboratoire, la recherche de (nano)médicaments contre le cancer.

Si je prends souvent la parole dans les conférences pour essayer de convaincre que la recherche que nous faisons présente une véritable application médicale, j’ai très peu l’occasion de m’exprimer pour remercier des personnes, et c’est ce que je vais faire dans les minutes suivantes.

Dans un premier temps, mes deux rapporteurs qui ont pris de leur temps pour analyser mon dossier. Ils ne me sont pas inconnus puisque

1) d’une part, une de mes premières publications sur des molécules photosensibles couplées avec des modules d’adressage a été publiée avec, comme co-auteur, Jean-François Müller (2005 Bioorganic and medicinalchemistry). Il faut savoir que cette publication est aujourd’hui bien citée (83 web of sciences). Nous avons d’ailleurs fait une erreur, à l’époque, en oubliant de breveter car nous étions les premiers à travailler, dans le domaine de la thérapie photodynamique, sur le ciblage par l’acide folique. Ce travail sur une molécule couplée à de l’acide folique pour cibler le cancer de l’ovaire a repris de plus belle, avec des gynécologues de Lille, de l’Unité de Serge Mordon. La semaine prochaine, nous avons rendez-vous avec un industriel pour essayer de passer en phase 1.

2) d’autre part, Monsieur Scacchi, qui était mon professeur de cinétique chimique à l’ENSIC, de 1991-1994. Il faut savoir que tous les ans, les élèves faisaient un vote pour élire le meilleur des professeurs, et que Gérard Scacchi était toujours classé premier.

Je dois remercier :

page4image23536 page4image23696

- ma famille, qui m’a toujours soutenu, mon père qui m’a donné le goût de la recherche, lui- même chercheur à l’INRA,

- ma chorale, qui me permet de “changer d’air’ et surtout de rencontrer des personnes formidables de milieux, personnalités, âges, complètement différents et qui met en évidence que si l’objectif est commun (pour une chorale, en l’occurrence, faire un beau spectacle), peu importe les différences, c’est possible. C’est exactement la même chose dans un groupe de travail interdisciplinaire, tel que nous l’avons créé sur Nancy,

- mes amis, qui m’ont empêché de baisser les bras et qui m’ont réconforté, quand par exemple en prépa, mon prof de math me conseillait de partir, me disant “vous voyez bien, Frochot, vous êtes nulle, vous ne réussirez jamais à entrer même dans une minable école d’ingénieur”,

- les profs de l’ENSIC, professionnels mais toujours faisant preuve d’une grande humanité,

- Grâce à mon stage de microthèse, j’ai découvert ce qu’était la recherche et ça m’a passionné. J’aurais pu travailler en tant qu’ingénieur rapidement car après mon stage ingénieur à l’INRS, on m’a proposé un poste, que j’ai refusé. Direction le LCPM. Un grand merci à Régis Vanderesse, qui était mon chef de thèse. Depuis 2003, nous travaillons ensemble sur tous les projets concernant la thérapie photodynamique,

- C’est pendant mon ATER que j’ai rencontré Marie-Laure Viriot. Grâce à elle que j’ai pu rentrer au CNRS, après mon post doc aux Pays Bas,

- Aux Pays Bas, j’ai eu un chef formidable, Fred Brouwer, qui me faisait faire toutes les conférences possibles et inimaginables...juste parce que je n’aimais pas parler en public, et encore moins en anglais. Jamais je ne le remercierai assez car à présent, même si j’ai toujours une appréhension avant de prendre la parole, j’ose,

- Marie-Laure Viriot, qui m’a tout donné. Tous ses transparents, toutes ses connaissances (même si, je dois l’avouer, c’était quelque fois fatigant : 8 heures de train Nancy-Grenoble, à écouter les explications sur les rouages de l’ex INPL, des PRST, des pôles de compétence, axes.....). J’espère, quand j’en serai à la fin de ma carrière, être comme elle, ne pas essayer de garder mon savoir égoïstement, mais au contraire, donner, pour que cela serve éventuellement dans le futur.

- Jean-Claude André, avec qui je fais de la photophysique, mais qui, surtout, m’enseigne l’importance d’une “Recherche Socialement Responsable”

- Mes directeurs de laboratoire, qui ont toujours soutenu ma recherche,

- Mes collègues, qui me supportent au travail et surtout tous les thésards avec qui j’ai travaillé. Je les appelle “mes esclaves” mais pour me faire pardonner, je les invite régulièrement à la maison pour un repas....

La dernière personne, c’est Muriel Barberi-Heyob du CRAN. Elle est biologiste, je suis dans la chimie et la photophysique, et grâce à ça, sans perdre nos expertises, mais en les enrichissant, nous avons pu créer la PD Team de Nancy. Pour finir, je vais juste vous raconter comment l’interdisciplinarité, préconisée par le CNRS, n’est pas si facile à réaliser dans la pratique. Cela devait être en 2003, Muriel me dit qu’elle a une idée géniale, que nous allons “cibler le récepteur au VEGF pour inhiber l’angiogénèse”. Je l’ai regardé avec des yeux ronds, je n’avais pas compris la moitié des mots. “Bon, d’accord” je lui ai dit “et comment fait-on ? » Elle me répond, “c’est simple, tu synthétises du VEGF, et on le greffe à une

molécule photo-activable”. Je suis allée chercher la structure du VEGF : 165 acides aminés....Je lui ai donc répondu que, même pour le meilleur des chimistes, la tâche allait être très très très dure, voire impossible. “Ah bon”, a t-elle dit, “mais pourquoi?”

Et là on s’est rendu compte qu’il allait falloir que l’on parle beaucoup, beaucoup, beaucoup pour se comprendre. Et c’est ce que nous faisons depuis 10 ans...

Et puis je ne peux pas finir sans remercier mon mari et mes trois enfants, qui supportent mes soirées à la chorale, les déplacements pour les réunions à Paris, les jurys de thèse, les congrès...

Quand je suis allée sur le site de l’Académie Lorraine des Sciences, j’ai lu la phrase qui apparaît sur le site « Mettre en lumière les progrès des Sciences, aider à leur diffusion et participer ainsi à leur rayonnement ». J’essayerai de mettre en pratique cette belle phrase, et je vous remercie encore pour la confiance que vous m’accordez en me faisant entrer dans cette belle communauté

Conférence : « Consensus et/ou dissenssus en filigrane des interactions et du pouvoir » par François REGNIER

Présentation de François Régnier par Dominique DUBAUX :

Notre confrère François Régnier, membre de l’ALS depuis 2006, est devenu académicien en 2010. François Régnier est Docteur en médecine. Il a exercé les fonctions de Directeur de recherche à l’unité France de Recherche clinique de Synthélabo, puis de directeur des Etudes et de la Prospective du groupe Synthélabo de 1989 à 1998.

Le Docteur François Régnier a également été conseiller à l’OMS à Genève, en technologies de l’éducation, secrétaire de publication de la Revue française de Santé publique, coordinateur scientifique de plusieurs revues médicales, membre puis Président de la commission scientifique de l’Association française pour la recherche thérapeutique.

Outre ses nombreuses publications scientifiques sur la gestion de l’information médicale, la recherche de consensus, les essais thérapeutiques, François est également l’auteur de plusieurs ouvrages dont :

« Annoncer la couleur : pour une approche nuancée du consensus » en 1989
Et « L’entreprise annonce la couleur : gérer les divergences, leviers d’efficacité créatrice »

en 1993

Choisissant le vote coloré comme moyen d’expression des groupes, François a convaincu l’Académie Nationale de médecine dont il est lauréat pour un outil qu’il a inventé en 1973, appelé Abaque de Régnier®. Cet outil, utilisé en management et gestion de groupe, est très efficace dans la négociation collective et la prise de décision. Un abaque de Régnier qu’il soit trié selon le degré d’acceptation des participants ou celui des affirmations proposées, présente un sérieux avantage : percevoir visuellement l’évidence constitue un raccourci puissant pour la compréhension.

Cher François vous avez la parole pour votre conférence

page6image23856

Résumé de la conférence de François Régnier :

Nous entendons davantage parler de consensus à propos d’accords divers, implicites ou supposés tels. En revanche, si nous demandons : « Quel est le contraire (l’antonyme) du consensus (le dissensus) ? » -beaucoup ne peuvent répondre. Ceux qui savent - et ils ne sont pas nombreux - ajoutent que c’est normal, car le mot dissensus est ignoré du dictionnaire français ! Notre esprit cartésien se refuserait-il à une vision intégrée de la réalité, pourtant présente du latin à l’anglais ?

Le décès d’une Personnalité contestée de son vivant se traduit bien souvent par un consensus. La mort gommerait ainsi le dissensus...De même, l’évaluation du rayonnement d’un leader politique peut se faire en termes de consensus favorable. Mais l’exprimer dans un rapport dialogique d’un consensus global rapporté à un dissensus partiel est une « carte » de la réalité politique : l’avers et le revers d’une monnaie sont indissociables de la chose.

Le dissensus est essentiel pour contribuer à une véritable dialogique avec le consensus. Ce que les Anglo-saxons nomment GroupThink, est une situation quasi totalitaire de groupe, due à un leader au pouvoir excessif qui va forcer le consensus et empêcher l’émergence d’un dissensus salvateur. Il y a de nombreux exemples, mais celui de l’état-major naval US de Pearl Harbour en 1941, dans lequel l’Amiral en charge du groupe n’admettait pas que les Japonais puissent attaquer, a eu les résultats humains et matériels désastreux que nous savons. Ces remarques préliminaires sont à l’origine de la conférence. En effet, les sciences sociales, politiques et organisationnelles sont bien au fait de la question du consensus et du dissensus, car celle-ci est en filigrane de la décision collective. Il n’y a en effet que deux manières de décider collectivement : soit par vote, soit par consensus. C’est la démocratie occidentale qui a établi pour les citoyens le droit de se manifester publiquement par le vote. Ce qui est plus nouveau, depuis quelques décennies, c’est le recours, dans des Organisations internationales, telles l’OTAN ou la Commission européenne par exemple, à la décision par consensus : une délibération suivie d’une décision collective sans vote.

A une autre échelle, nous voyons apparaître les conférences de consensus adaptées aux pratiques professionnelles. C’est le cas dans le domaine médical ou le domaine juridique. Dans ces instances, il faut organiser l’agrégation des préférences individuelles pour actualiser la qualité des pratiques. Comme l’état de l’art n’est pas constant et qu’il subit l’impact des technologies, il faut adapter ces pratiques de façon plus suivie que par le passé. Le vote, avec ses choix limités à deux options, n’y pourvoirait pas, car l’égalité des contributeurs n’est pas la même ici et les facettes du problème sont diversifiées et nuancées. La délibération interactive est nécessaire, étant donné ces dimensions plurielles à scruter en profondeur et de façon contradictoire. Le dissensus doit donc être cité à comparaître pour établir la « robustesse » du consensus, tout en évitant les dommages de la pensée unique.

Ces remarques et les différents exemples présentés dans la conférence, sont un apport démonstratif et concret. L’idée est de promouvoir une vision réaliste du monde contemporain, parce que celui-ci, devenu plus complexe, nécessite aujourd’hui des outils logiques majorés.

Diaporama de la conférence disponible sur le site de l’ALS

Fin de la séance à 19 h30. La secrétaire générale Emmanuelle Job

page7image28152

Revenir